LE TOGO
Géographie
État du golfe de Guinée, limité à l'ouest par le Ghana, au nord par le Burkina Faso, à l'est par le Bénin, au sud par l'océan Atlantique (golfe de Guinée).
Le Togo (56 790 km2) est une étroite bande de terre (90 km) qui s'étire sur près de 700 km du golfe du Bénin vers la boucle du Niger dans le Sahel, entre le 6e et le 11e degré de latitude Nord. Son étroite façade maritime n'excède pas 55 km.
Population
Avec un taux d'accroissement naturel de 3,5 % [estimation 1997], la population togolaise estimée à 5,7 millions d'habitants [2007], devrait compter 9 millions en 2025.
La population togolaise se caractérise donc par sa grande jeunesse (45,3 % ont moins de 15 ans et 71,3 % moins de 30 ans).
La densité moyenne de cette population, 82,7 h./km2 [estimation 1997], est l'une des plus fortes d'Afrique de l'Ouest, mais elle est très inégalement répartie, le Sud étant beaucoup plus peuplé que le Nord.
Pays encore rural, le Togo connaît néanmoins une forte croissance urbaine (26,5 % de citadins). L'agglomération de la capitale, Lomé, qui rassemblait 737 000 habitants, avant les sanglants affrontements politiques de 1992 et 1993, en comptait sans doute 800 000 en 1994 ; elle surpasse de loin toutes les autres cités du pays, Sokodé, deuxième ville, ne comptant que 70 000 habitants. Les autres villes de quelque importance sont Kara (40 000 habitants) et Kpalimé (30 000 habitants).
La diversité du peuplement n'est pas moindre que la variété des milieux naturels.
Une quarantaine d'ethnies peuplent le Togo :
Dans le Sud vivent les ethnies du groupe kwa, notamment les Éwés (22 %) et les Ouatchis (10 %).
Dans le Centre et dans le Nord, moins peuplés, vivent des ethnies du groupe gur, notamment les Kabiyès (13 %).
Les deux noyaux de peuplement
sont séparés par des régions centrales peu occupées.
Les adeptes des religions traditionnelles (50 %) sont plus nombreux que les catholiques (26 %), les musulmans (15 %) et les protestants (9 %).
La langue officielle est le français. Les langues nationales sont l'éwé et le kabiyè. La quarantaine de langues parlées relèvent presque toutes de la famille nigéro-congolaise; elles appartiennent soit au groupe kwa (comme l'éwé), soit au groupe gur (comme le kabiyè).
Économie
Le Togo a connu une période difficile de 1990 à 1993. Après un recul important du PNB (400 dollars par habitant en 1991, 250 dollars en 1994), un taux d'inflation de 50 % et un dangereux développement du secteur informel, l'année 1994 a marqué un renouveau: le climat politique et social s'est amélioré, l'aide du FMI et de la France a repris, l'équilibre budgétaire a été réalisé en 1994-1995.
Le ralentissement de la croissance économique s'est accompagné d'une multiplication des activités dites « informelles ». Le commerce parallèle n'est pas une nouveauté (les nana-benz, femmes grossistes en tissus, sont célèbres en Afrique de l'Ouest), mais les besoins du Ghana et du Nigeria voisins, et les trafics liés à la manipulation des taux de change ont accéléré le commerce illicite transfrontalier des produits vivriers, industriels et même de la monnaie. Lomé est ainsi devenue une plaque tournante des échanges clandestins avec le Nigeria, via le Bénin.
Agriculture
L'agriculture tient toujours une place prépondérante : 59 % des Togolais [1994] en vivent.
Les productions agricoles fournissent plus de 35 % du PNB [1994], et la balance agricole est aujourd'hui excédentaire. Mais le « boum » des phosphates en 1974-1975, la hausse des cours mondiaux du café et du cacao en 1977 et la demande vivrière croissante du Nigeria ont modifié la donne économique antérieure. La campagne en faveur de la révolution verte et de l'autosuffisance alimentaire visait à accroître la production des cultures vivrières de base, le mil au Nord, l'igname au centre et le maïs au sud, auxquelles s'ajoute le manioc cultivable partout. Mais les investissements agricoles furent insuffisants et l'augmentation de certaines productions (maïs et manioc en particulier) résulta en fait d'une stimulation par la demande nigériane.
En 1994, le Togo produisait 279 000 tonnes de maïs, 400 000 tonnes d'igname et 401 000 tonnes de manioc, mais les résultats sont insuffisants (la production par tête a diminué de 0,6 % par an entre 1979 et 1993) et des difficultés d'approvisionnement, voire des disettes, affectent parfois le Nord du pays.
Les mêmes incertitudes pèsent sur les cultures d'exportation, sauf le coton dont la production, multipliée par dix depuis 1975, atteignait 40 000 tonnes en 1994. L'arboriculture marchande du sud est en difficulté malgré les efforts d'intensification. Avec 28 000 tonnes de café [1994] et 7 000 tonnes de cacao [1994], le Togo produisait moins qu'en 1985, et les palmeraies comme les cocoteraies de la frange côtière ne sont pas en mesure de relayer la production caféière et cacaoyère.
Les autres
activités
Les revenus phosphatiers et les emprunts internationaux ont permis d'améliorer le réseau routier (axe bitumé nord-sud), d'édifier les grands hôtels de Lomé, de construire le barrage de Nangbéto (1987), de doter le Nord, région du Président, le Général Étienne Gnassingbé Eyadéma, d'infrastructures urbaines modernes (Lama-Kara) et de lutter contre l'érosion du littoral entre le port de Lomé et Aného. Les ressources hydroélectriques du Togo, en partie exploitées seulement, sont promises à un bon avenir.
Histoire
L'histoire ancienne :
Depuis le Ier millénaire, le
Togo a été parcouru par des vagues de migrations successives, qui ont donné
au pays sa configuration ethnique actuelle.
À partir du XVIe siècle, les Portugais pratiquèrent un commerce actif à partir des côtes togolaises et la traite négrière se développa à partir du XVIIe siècle, autour du comptoir de Petit-Popo (actuel Anécho). Au XVIIIe siècle, les Danois s'implantèrent à leur tour; ils furent suivis, à partir des années 1780-1800, par de nombreux «Brésiliens», anciens esclaves libérés et rapatriés du Brésil ou descendants de Portugais installés au Togo, qui participèrent aux échanges côtiers.
La colonisation allemande
:
Longtemps indifférent à la question coloniale, le chancelier allemand Bismarck s'y intéressa vivement à partir de 1883. Il imposa alors son protectorat sur quatre régions, dont le Togo, où l'explorateur Gustav Nachtigal signa un traité avec le chef traditionnel M'lapa III et donna son nom actuel au pays.
L'Allemagne entra alors dans une compétition serrée avec la France. En décembre 1885, pendant la Conférence de Berlin, elle laissa le port Petit-Popo à la France en échange de la reconnaissance de ses droits sur les Rivières du Sud (Guinée). Les deux puissances entamèrent alors une course vers l'arrière-pays et, en 1887 puis en 1909, délimitèrent les frontières entre leurs colonies du Dahomey et du Togo. L'installation allemande se heurta à une résistance intense de la part des Africains. Des accords furent signés avec certains royaumes. En revanche, la révolte des Kabiyès (1890) puis celle des Konkombas (1897-1898) furent matées brutalement.
L'Allemagne encouragea ses
ressortissants à s'installer dans la colonie, leur offrant des concessions à
des conditions très avantageuses. Elle fit également construire les
infrastructures nécessaires à l'exploitation du Togo: des lignes de chemin de
fer et surtout la puissante station radio de Kamina qui reliait directement le
pays à Berlin. Enfin, elle recourut massivement au travail forcé. Les résultats
firent du Togo la Musterkolonie (la colonie modèle) de l'Empire allemand.
En 1914, au moment où la Première Guerre mondiale éclata, le gouverneur von Doering avait conscience de la faiblesse militaire du Togo, encerclé par les possessions britanniques et françaises. Il tenta d'obtenir de ses homologues en Gold Coast et au Dahomey la neutralité du Togo. Devant leur refus, il dut se résoudre à combattre. En trois semaines, le Togo fut envahi. Après une résistance acharnée autour de Kamina, les Allemands se rendirent, le 25 août 1914, non sans avoir détruit la station de radio. Les Français et les Britanniques se partagèrent l'occupation du territoire, décision qui fut confirmée après la guerre: le 10 juillet 1919, le Togo devint en effet un mandat «B» de la Société des Nations, partagé entre la France (partie nord et est) et le Royaume-Uni (partie ouest).
La colonisation française
:
Craignant que les populations du
Togo ne manifestent après coup leurs sentiments loyalistes à l'égard des
Allemands, les Français s'attachèrent à effacer toute trace de la
colonisation allemande. Ils interdirent l'usage de la langue allemande,
notamment aux missionnaires alsaciens et lorrains, laminèrent peu à peu
l'intelligentsia germanophone et appliquèrent un régime colonial plus souple.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies reprirent à leur compte le mandat de la SDN sur le Togo et désignèrent un conseil de tutelle chargé de contrôler l'administration française. Les partis politiques togolais travaillèrent activement à l'évolution du statut du pays mais se divisèrent en deux camps, opposés dans leurs objectifs: le Comité de l'unité togolaise (CUT), dirigé par Sylvanus Olympio, était partisan d'un État réunifié et autonome alors que le Parti togolais du progrès (PTP), qui devint le Mouvement populaire togolais (MPT), dirigé par Nicolas Grunitzky, demandait l'abolition de la tutelle et réclamait une association plus étroite avec la France.
L'action des nationalistes et la pression de l'ONU contraignirent la France à accélérer le processus d'évolution. Le 16 avril 1955, elle élargit les pouvoirs de l'Assemblée territoriale et accorda au Togo le droit de constituer un conseil de gouvernement. Nicolas Grunitzky devint Premier ministre en 1956. Parallèlement, en mai 1956, un référendum fut organisé dans le Togo britannique, qui approuva – hormis dans les zones éwé – son rattachement à la Gold Coast, promise à une indépendance rapide (celle-ci fut effective le 6 mars 1957, avec l'intégration au Ghana. Voir : Ghana).
Les partisans de Nicolas Grunitzky gagnèrent du terrain lorsque, le 1er septembre 1956, après une consultation référendaire, la France proclama la République autonome du Togo, associée à la France: le Togo obtenait ainsi le droit d'envoyer des députés à l'Assemblée nationale à Paris.
Le Togo sous mandat français devint une République autonome en 1957. Le 27 avril 1958, les élections législatives, contrôlées par l'ONU, aboutirent à un revirement de la situation: le CUT remporta le scrutin et Sylvanus Olympio devint président. Le 27 avril 1960, le Togo accéda à l'indépendance.
Le Togo contemporain :
Au début des années 1960, Sylvanus Olympio mit en place un régime présidentiel autoritaire qui suscita le mécontentement populaire. En janvier 1963, il fut renversé et tué lors d'un coup d'État militaire dirigé par Étienne Gnassingbé Eyadéma, qui ramena Nicolas Grunitzky au pouvoir. Celui-ci ne parvint pas à assurer au pays un régime stable et démocratique. En janvier 1967, l'armée prit le pouvoir: Gnassingbé Eyadéma devint chef de l'État et constitua un gouvernement. Dans les années qui suivirent, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), fut érigé en parti unique. Le président Eyadéma fit échouer deux coups d'État, en 1970 et en 1977; plébiscité en 1971, il a fait officialiser le régime de parti unique (Constitution de 1979). Dans les années 1980, le régime amorça une ouverture avec la tenue d'élections à candidatures multiples. Au début des années 1990, le Togo entra de nouveau dans une phase de tensions politiques extrêmes : les pressions intérieure et extérieure en faveur de la démocratie amenèrent le président Eyadéma à légaliser le multipartisme et à accepter la tenue d'une conférence nationale, le «Forum du dialogue». Celle-ci retira au chef de l'État ses principales prérogatives, mit en place des organes de transition, fit adopter par référendum une nouvelle Constitution et prépara des élections pluralistes. Mais cette ouverture démocratique étant freinée et combattue par l'armée, la grève générale, les émeutes de Lomé et la fuite de 230 000 Togolais au Bénin et au Ghana en janvier 1993, débouchèrent sur une situation explosive; des sanctions économiques furent imposées par la communauté internationale (en particulier, par l'Allemagne, la France, l'Union européenne et les États-Unis). L'élection du général Eyadéma à la présidence en août 1993 (l'élection présidentielle avait été boycottée par l'opposition) fut néanmoins reconnue par la France. En 1994, le régime perdit les élections législatives et le président dut appeler à la tête du gouvernement un des dirigeants de l'opposition, Edem Kodjo.
Après la démission d'Edem Kodjo en 1996, suivies de nouvelles élections législatives, gagnées cette fois par la majorité présidentielle, le président Eyadéma nomma Kwassi Klutse à la tête du gouvernement. En juin 1998, vainqueur des élections présidentielles avec 99% des voix contre le candidat de l'opposition, Gilchrist Olympio, fils du premier président togolais, le général Eyadéma a été réélu à la tête de l'État pour un mandat de cinq ans
Aujourd’hui :
Le président Gnassingbé Eyadema est mort subitement le 5 février 2005. Il avait dirigé le Togo durant 38 ans. Son successeur est Faure Gnassingbé, fils d’Eyadema, qui est entré en fonction le 7 février 2005. Il a laissé sa place le 25 février 2005 à Abbas Bonfoh, le temps de permettre des élections démocratiques.
Les élections présidentielles se sont déroulées le 24 avril 2005. Elles ont été remportées par Faure Gnassingbé qui a pris officiellement ses fonctions le 4 mai 2005.
Un Premier ministre a été nommé le 8 juin 2005. Il s'agit d'Edem Kodjo qui est chargé de former un gouvernement d'union nationale.